Mario, après avoir parcouru pour la énième fois huit mondes aux paysages différents, les Koopalings vaincus, Bowser Jr. annihilé, le nombre total de Goomba réduit de moitié, se retrouvait face à Bowser afin de libérer la Princesse. C'était là une aventure normale achevée par un combat final banal au même titre que toutes ses aventures depuis qu'il a vu ses premiers poils de moustache pousser.
Comme à son habitude, le Roi des Koopa commença par lancer ses flammes sur l'homme moustachu, sauta ensuite plusieurs fois dans le but de l'écrabouiller, puis, par un saut maladroitement trop haut, il se fit dérober la blonde de la même façon depuis 1985, tomba médiocrement dans la lave et fut réduit à l'état de squelette. Comme toutes les fins d'aventure, la fille libérée dit : "Merci Mario !" et l'embrassa sur la joue. Le plombier, faisant semblant d'être satisfait, l'emmena dans une montgolfière et ils repartirent au château. Tout semblait réglé jusqu'à la prochaine revanche.
Dans la soirée, le moustachu, après l'avoir gâtée, demanda désespérément à la blonde de lui enlever sa virginité. Sa réponse l'étonna au plus haut point, en effet, celle-ci était positive ! Il n'osait même plus y penser !
Après une nuit haute en couleurs, Mario se réveilla à 8h, il enfila et peignoir et alla dans la salle à manger, il y trouva Peach qui avait préparé pour lui une bonne fournée de croissants chaud.
Le déjeuner se déroula tout à fait normalement, quand, après que tout ait été mangé, la femme déclara au plombier quelque chose qu'il n'osait même pas imaginer : elle voulait avoir des enfants, fonder une famille !
La nuit fut très mouvementée, tout comme celle du lendemain, du surlendemain et toutes celles qui vinrent durant les trois semaines suivantes.
Les neuf mois qui suivirent se déroulèrent sans problème, ce qui était d'ailleurs très étrange étant donné que les kidnappings de Bowser avaient cessé, ils étaient pourtant hebdomadaires ! Puis, un beau vendredi matin, Peach accoucha de deux enfants, des jumeaux : Erik et Thiméo.
Ce couple nageait dans le bonheur, les enfants grandirent tout à fait normalement et atteignirent l'âge de quatorze ans. Erik, l'aîné, avait développé une bonne musculature, ayant en commun avec son père la taille et la couleur de cheveux, il se baladait souvent avec lui. Il était passionné par les combats et avait appris à manier le marteau. D'un naturel assez sadique, il demandait très souvent pour les fêtes un élevage de Micro-Goomba afin d'en venir à bout un par un en maniant son arme, mais il n'oubliait jamais sa famille qui était la chose la plus importante pour lui.
Le cadet, lui, était plutôt fille manquée, n'aimant ni la violence ni les combats, il se déplaçait souvent avec sa matrone, participant à divers goûters et festins, ce dernier était cependant fluet. Ce jeune homme avait les cheveux mi-long, blonds et ondulés, son visage était fin et aboutissait à un menton en pointe. Très timide et introverti, celui-ci rougissait à la moindre phrase qu'il devait dire en public.
Quelque chose troublait cependant le plombier : Bowser n'avait plus essayé d'enlever celle qu'il aimait ! Au début, il n'y prit pas attention, il s'agissait d'une nouvelle positive : il était sans doute décédé. Mais au fur et à mesure du temps, la curiosité le poussait à connaître le pourquoi !
Le plombier craqua inévitablement et un vendredi d'automne alla au château du Roi des Koopa. Il traversa les huit mondes normalement, la quantité d'ennemis était équivalente à celle du temps de ses aventures de jadis, cependant, aucun d'entre eux ne s'attaquait à lui, pas même les Frères Marto pourtant de nature si agressive ! Devant la porte du château se dressaient deux Skelerex qui montaient la garde, Mario n'éprouva aucun mal à temporairement s'en débarrasser par son saut d'expert, il y entra donc directement. L'intérieur était identique à ses souvenirs, quoique un peu plus sinistre. Il prit exactement le même chemin que du temps des kidnappings et après quelques minutes de marche, arriva dans une grande salle lugubre au milieu de laquelle se trouvaient deux immenses trônes où se dessinaient d'horribles silhouettes de personnes décapitées, démembrées...
Soudain, le moustachu entendit une voix grave, celle de Bowser ! Elle semblait émaner du plafond, sans doute était-ce un microphone.
《 Tiens, Mario, quel plaisir de te revoir. 》
Il n'était donc pas mort, mais le moustachu ne savait pas pourquoi les enlèvements avaient-ils alors cessé !
《 Tu te demandes sans doute pourquoi je ne t'ai plus cherché d'ennui, eh bien viens le découvrir par toi-même. 》
Une grande porte noire au fond de la salle que Mario n'avait pas remarqué s'ouvrit, donnant sur un long escalier obscur semblant être sans fin, cela lui rappelait sa première aventure en 3D ! Après environ deux minutes de course dans les marches, se dressait devant lui une immense porte rose dont la couleur ne s'accordait pas du tout avec l'ambiance. Le plombier entendit un bruit d'interrupteur et celle-ci s'ouvrit, derrière elle se trouvait une pièce circulaire dont le sol et le papier peint étaient de même couleur que la porte, il y avait également un lit mauve pour deux personnes, une garde-robe violette et un tas d'autres objets et meubles de la même nuance. Mario aperçut alors une cage discrète tout au fond de la pièce, celle-ci était recouverte d'un fin voile rose, le plombier s'en approcha doucement et, une fois tout proche, retira le tissu d'un geste sec.
Il vit alors l'inimaginable et ne comprit plus rien, perdu, il ordonna à Bowser des clarifications en criant au plafond, là où un microphone avait le plus de chance de se situer. Celui-ci répondit :
- Bouhahahaha ! Tu aurais dû voir ta tête, c'était trop drôle ! Puisque tu veux tout savoir, sache qu'en fait, la personne avec qui tu vis depuis pratiquement quinze années, ce n'est pas celle que tu crois ! Hahahaha !
Le Roi des Koopa continua ses explications, tout avait commencé après sa 63.915ème défaite, enragé d'être continuellement humilié, il était allé chez une sorcière du nom de Caroline dans le but d'élaborer un plan quasiment infaillible : la femme avait eu pour mission de se transformer en Peach et de prendre sa place !
《 Bien sûr, poursuivit l'être diabolique, cela était bénéfique pour chacun d'entre nous : j'avais la Princesse rien que pour moi, et elle pouvait réaliser son rêve qu'était de fonder une famille ! Bouhahahaha ! 》
Le plombier ne pouvait pas y croire, Peach était là, chez Bowser depuis tout ce temps. Il pleura, sanglota ! La Princesse cria alors le nom de celui qu'elle aimait, mais au moment-même elle disparut par un mécanisme du Koopa. Mario était effondré, désespéré ; le sol devint mouillé vu la quantité de gouttes s'y déversant ! Soudain, quelqu'un susurra de l'entrée de la pièce.
《 Papa, il se passe quoi, là ? 》
Il s'agissait d'Erik dont la curiosité l'avait poussé à suivre son père, celui-ci avait assisté à toute la scène. Avant que quoi que ce soit n'ait pu se produire, le Roi maléfique appuya sur un bouton qui renvoya le père et son fils à l'entrée du château, le plombier en pleurs et le jeune homme totalement dépassé par les évènements.
Une fois les émotions remises, Mario se releva, il ne prit pas attention à son enfant et ne tenta même pas de récupérer la blonde, il déambulait vers le château où il vivait. Après avoir plusieurs fois tenté d'arriver l'attention du moustachu, l'adolescent perdit pascience, il accourut vers son géniteur, l'attrapa par la salopette, le soulevant de quelques centimètres, et reposa sa question agressivement. Cependant, l'adulte ne répondit rien et lui ordonna de le lâcher en le dévisageant tellement que le jeune homme effrayé lui obéit sans broncher.
Mario accourut alors en direction de sa demeure, Erik tentait de le suivre mais étant plus lent, le plombier le sema aisément.
Lorsque ce dernier arriva chez lui, il faisait nuit ; les onze coups de 23h venaient de retentir et le reste de sa famille s'était couché depuis peu. Le plombier entra en ouvrant la porte violemment et pénétra dans sa chambre de la même façon ; la colère, la haine, la rage se lisaient facilement sur son visage. Après avoir réveillé la femme qui dormait sur le lit, il lui résuma d'un cri fort ce qui s'était passé dans le château du Roi des Koopa puis lui demanda si les dires de Bowser étaient vrais. Elle acquiesça et fit immédiatement après cela :
- Écoute, cela fera presque quinze ans que nous vivons dans le bonheur, tu ne crois pas qu'il serait raisonnable de fermer les yeux ?
- Tu n'es pas celle que j'aime ! cria Mario les larmes aux yeux.
- Oublie cette blonde, dit-elle d'une voix posée, nous avons deux magnifiques enfants, songe à leur bonheur plutôt qu'à cela.
Le moustachu réfléchit un peu, mais la colère s'emparait de lui, il perdit alors son sang-froid. Le plombier vit un bouquet de fleurs de feu posé sur la table de nuit, attrapa un élément et se transforma : il était prêt à agir. Caroline l'implorait, mais, aveuglé par la rage d'avoir passé une grande partie de sa vie avec une complice de Bowser et d'avoir abandonné Peach, la laissant entre les mains écailleuses de ce démon, il tira dégoûté des boules de feu sous les hurlements et les supplices de la femme. Celle-ci perdit connaissance mais n'était pas encore morte, l'homme en rouge s'y dirigea et l'attrapa par les cheveux.
Le sol bleu ciel devint rouge sang. Mario, fou, contemplait avec satisfaction le cadavre gisant par terre, son visage traduisait une expression telle que même les Chomp, pourtant si téméraires, auraient fui en un instant. L'assassin entendit ensuite la porte donnant sur la scène de crime grincer et vit Thiméo, encore un peu endormi, y passer la tête.
De son côté, Erik était épuisé, essoufflé, il n'arrivait plus à courir alors qu'il était à quelques kilomètres du château. Celui-ci s'arrêta près d'un petit étang, bu un coup et s'allonga sur l'herbe. Il repensait à ce qui s'était passé dans l'antre du Koopa mais n'avait pas encore tout assimilé. Il avait vu son père dans un état qu'il n'avait jamais eu, et ça l'avait choqué. L'adolescent essaya cependant de ne pas trop y penser car cela allait l'attruster et qu'il savait que Thiméo détestait le voir ainsi, il préféra donc se remémorer de bons moments passés en famille. D'abord il y avait le parc d'attraction de Koopapolis où il put monter sur ses premières montagnes russes accompagné de son père. Puis la visite au zoo de Décalbourg où il se souvint de la première fois où il allait approcher les girafes, il était alors âgé de sept ans, sans sa mère n'aurait jamais eu le cran de le faire. Mais son meilleur souvenir restait le camping dans la Forêt Fousset où lui et son frère s'étaient perdus et avaient dû se débrouiller seul deux jours durant. Thiméo, il l'aimait, même s'il ne le lui montrait que rarement et qu'il préférait le taquiner. Il était cependant certain que ce sentiment était réciproque.
Le jeune homme commençait à avoir froid, ce qui n'était pas surprenant vu qu'il ne portait qu'un short en jean et un t-shirt bleu ciel, alors, il décida de se remettre en route, content d'avoir pu retrouver de beaux passages de son enfance.
Le garçon arriva à sa demeure lorsque les douze coups de minuit retentirent. La porte était ouverte, ce qui l'arrangait puisqu'il n'avait pas emmené avec lui un double des clés. Erik, affamé, se dirigea vers la cuisine histoire de se remplir l'estomac. Plus ce dernier s'en rapprochait, plus il ressentait une ambiance malsaine qui ne lui plaisait guère, il était alors à quelques mètres de sa destination qu'il vit plusieurs gouttes de sang par terre. Il ne s'en tracassait pas trop au début, après tout cela arrive à tout le monde de se couper avec un couteau, mais une fois qu'il en aperçut d'autres - et plutôt nombreuses - qui plus est s'orientant vers la pièce où il s'avançait il s'inquiétait. Il y alla tout de même, plus par faim mais par curiosité.
Une fois devant l'entrée de la cuisine, Erik vit du sang un peu partout, alors il se sentait mal. L'adolescent ne voulait pas y entrer sans arme donc chercha un marteau qu'il se souvenait avoir laissé sur la table de la salle à manger, la pièce juste à côté. Cela fait, il retourna devant la porte de la cuisine et l'ouvrit d'une vitesse modérée de sorte à être le plus discret possible. Il fit quelques pas dans la pièce sans voir personne, jusqu'à cette horreur : derrière la table ovale gisait son frère. Sous le choc, il lâcha son arme et accourut vers son frangin, celui-ci était conscient mais en très mauvais état : il avait un couteau planté dans le ventre et un dans la cuisse droite, du sang s'en échappait à chaque seconde qui s'écoulait. Thiméo dit péniblement :
- Va... va-t-en...
- Je ne partirai pas seul ! répondit l'aîné, laisse-toi faire, je vais t'emmener avec moi.
- Non... murmura le blessé, pars ou... ou... il va... reven...
Sans avoir pu finir sa phrase, le blond perdit connaissance, son frère en pleurs tentait de le prendre dans ses bras quand il entendit des bruits de pas venant de l'entrée de la pièce. L'auteur de ces sons n'était autre que Mario, ayant perdu sa transformation de feu durant son duel précédent et tenant un couteau à la main. Du sang parsemait son corps mais il ne s'agissait pas du sien.
《 Papa, sanglotta Erik, il faut aider Thiméo, il va mal.
- Non, il va bien, répondit son père d'une voix laissant facilement percevoir sa folie, et bientôt, toi aussi tu iras très bien, tout comme ta mère.
- Qu'est-ce que tu racontes ? larmoya l'adolescent, tu vois bien que... 》
Soudain il comprit tout, à ce moment là, il éprouvit une immense rage envers son géniteur, mais il conserva son sang-froid et lança :
- Laisse-nous passer ! Les minutes qui s'écoulent sont décisives pour Thiméo !
- Qu'il meure !
- Il fait partie de notre famille ! hurla désespérément le jeune homme, tu ne peux pas...
- Ma famille ce n'est pas vous, interrompit le moustachu, vous n'êtes que des imposteurs.
Ces mots dits, celui-ci s'élança sur son fils dont la joue gauche reçut le couteau de plein fouet. Alors que le plombier s'apprêtait à planter son arme dans le coeur de son fils, celui-ci fuit à droite et retourna à l'entrée de la pièce pour reprendre son marteau et se défendre. Mario revint vers Erik et lui porta quelques coups que le jeune homme bloqua. Les coups s'enchaînaient sans qu'aucun ne fasse évoluer la situation. L'adolescent était à bout : son propre père voulait le tuer et son frère était mourant ! Il ne pouvait pas continuer comme ça et dut se résoudre à passer à l'offensive : il visa les jambes de son adversaire afin de le mettre à terre mais celui-ci évitait les attaques sans problème grâce à son saut. Le plombier tentait après chaque esquive de lui enfoncer le couteau dans le cou, vainement à chaque fois grâce au marteau brillamment manié. La bataille s'éternisait, et ça, Erik ne pouvait pas se le permettre, il décida donc de dérober l'arme de son opposant. Alors, pendant que le plombier essayait pour la énième fois de lui transpercer la carotide, cette fois-ci, au lieu de placer son arme en lui et le couteau, l'adolescent bloqua le coup avec ses mains dont la lame en faisait sortir une grande quantité de sang. Le jeune ne cédait pas à la douleur et il se moquait bien de perdre une partie de son corps si cela allait lui permettre de sauver son frangin. Il réussit à désarmer Mario, ensuite lui porta un énorme coup à la tête. Le plombier avait le crâne fracassé, il s'écroula aussitôt et mourut quelques temps plus tard.
Dès qu'il réalisa que la menace avait été mise hors d'état de nuire, Erik se précipita sur son frère. C'était trop tard. L'adolescent s'effondra se vidant de ses larmes ; sa famille avait péri alors que tout ce qu'il voulait, c'était de vivre heureux avec elle, rien de plus. Le jeune garçon craqua, il saisit le couteau transperçant la cuisse de son défunt frère et le pointa vers sa poitrine. Il s'apprêtait à se donner la mort, quand il aperçut que Thiméo avait écrit quelque chose avec son propre sang avant de perdre connaissance, ces mots étaient "Vis".
Erik lâcha l'objet pointu et se jeta sur le meilleur ami qu'il n'avait jamais eu, il le serra dans ses bras une dernière fois.
《 Je vivrai pour toi, je te le promets. 》