Depuis toujours, je chéris la vie, je l'aime plus que tout au monde. J'essaye d'en profiter le plus possible et chaque épreuve n'est que joie pour moi, même la tristesse qui sur le coup peut paraître assassine, laisse en moi un bon souvenir. C'est idiot, si l'on m'avait dit que par la faute de cette vision des choses on tenterait de me supprimer. Comme si je pouvais changer les gens, comme si je pouvais être nuisible...
Un lundi matin banal, le weekend avait été d'un ennui des plus contraignant. J'étais heureuse de pouvoir retourner en cours afin de taquiner Antoine (se reconnaitra

) sur son incompétence phénoménale en TP de chimie. Chose que nous avions tout les lundis matin, cela devait être une des nombreuses explications pour qu'il haïsse autant les débuts de semaine ! Je baillais, mon lit était tellement chouette, j'aurais préféré y rester encore un peu. Mais une voix me réveilla, insistante. A l'extérieur, Antoine attendait, perché sur son vélo, son lapin à ses côtés. Pourquoi l'emmenait-il toujours avec lui ? Je n'aimais pas cette bête, et c'était réciproque. Tantôt une morsure, tantôt un grognement. Impossible de s'approcher d'elle, un animal fort lunatique soit-dit en passant puisqu'Antoine n'avait aucun problème avec cette chose qu'il avait nommé ''Caramel''. Bref, je me préparais en hâte et l'invitais à prendre le petit-déjeuner, nous faisions toujours ainsi les lundis matin.
Tandis que nous dévorions nos croissants chauds, Antoine entama une brève conversation :
« -Je suis dégouté, on pouvait pas faire de la physique ? Ce prof est horrible, il aime me torturer, il ne fait que de la chimie ! Moi qui est horreur de ça ! Se plaignit-il devant son bol de chocolat chaud.
-Hum, faut pas dire ça, le prof est sympa, toujours à sortir de bonnes vannes, notamment le ''je suis ouvert à tout moi vous savez'' heureusement que personne n'a les idées mal placées, ah ! Ah ! Plaisantai-je souriante, je réussis à faire esquisser un sourire à mon camarade faussement boudeur.
-Il n'y a bien que les canetons alors pour faire remarquer ça ! Je comprends que mon lapin ne t'aime pas ! Non mais, cette fois-ci, on y croit, si il existe un dieu sur cette terre il sera avec moi et je vais réussir ce maudit TP ! Se promit-il fier de peu.
-Tu vas m'appeler longtemps comme ça, pfeuh ! Laisse-moi deviner, je serais encore avec toi en chimie et du coup on va se faire engueuler ensemble parce que t'auras tout foiré ! Rigolai-je tandis que Caramel me montrait les dents.
-Je voudrais bien t'y voir toi ! Bon allez, sur ces bonnes paroles, allons-y ! Brrh, la chimie a été inventée juste pour que je me retrouve avec des notes minables ! Conclut-il en finissant son bol. »
Nous rîmes ainsi durant tout le trajet. Nous parlâmes de notre classe, exécrable cela ne faisait aucun doute, et de nos amis. Depuis toujours, j'habitais à Tours, dans la même rue qu'Antoine, nous étions des amis d'enfance. Après bien des rires à peines dissimulés, Antoine gara son vélo et nous montâmes directement en cours. Nous étions tout juste à l'heure.
Jamais je n'arriverais à comprendre notre classe, des élèves aussi méchants. Certains que nous connaissions depuis bien longtemps. Je me rappellerais toujours de ma rencontre avec Antoine. Dans notre petit établissement pour maternelle, il avait un ballon multicolore qu'il chérissait et dont il n'hésitait pas à se vanter. Mais des plus grands un jour essayèrent de lui voler. Je ne supportais guère l'injustice, je lui suis venu en aide, nous étions plus jeunes mais à nous deux nous eûmes assez de courage pour repousser cette offensive. Un léger ''tout va bien ?'' et un minuscule ''oui, merci'' suffirent à faire créer des liens incassable et une amitié inqualifiable en jaillit. Aujourd'hui encore, mon très cher camarade a conservé son ballon multicolore, ils prouvent notre valeur, à nous deux, rien ne nous résiste !
Ce matin n'échappa à la règle, nous travaillions ensemble afin d'améliorer les notes de mon ami d'enfance. Notre professeur nous annonça fièrement une expérience sur le soufre. Je sentis la gorge d'Antoine se nouer. Qu'importe, je l'aiderai. Ainsi, nous commençâmes notre TP. Pourtant, je ne saurais expliquer ce qui se passa. Mon camarade sans bien le vouloir fit tomber un tube à essai sorti d'on ne sait où. Le professeur horrifié nous fit sortir de la pièce en catastrophe. Le liquide contenu dans cette fiole une fois à l'air libre dégageait des nuées toxiques très dangereuses ! Les conséquences furent désastreuses, dans la classe, on accusait Antoine, l'empoté de service ! Selon nos camarades complétement idiots, il avait prémédité tout cela ! Une dispute éclata alors entre moi, Antoine et le reste du groupe. Le professeur tenta de chercher une explication :
« -Ton ami est un suicidaire, il ne devrait même pas être dans ce lycée ! Qu'il disparaisse ! Hurlèrent les élèves peu compatissant.
-Vous savez bien qu'il ne l'a pas fait exprès ! Vous avez un cerveau oui ou non ? Comme si son passe-temps était tuer ces camarades de classe ! Non, c'est tombé par accident.., défendis-je désolée de la tournure que prenaient les événements.
-Je connais chacun de mes élèves, je suis parfaitement d'accord avec Hélène, Antoine n'est peut-être pas très doué pour la chimie mais il est plein de bonnes intentions. Ce que je ne comprends pas c'est l'apparition de cette fiole, nous n'avons jamais eu en possession un tel produit ! Qui plus est sur la table de l'élève le plus maladroit..., soupira notre tuteur désabusé.
-Vous ré-entendrez parler de cette histoire ! Tu seras exclus, Antoine ! Pesta le délégué de la classe en filant, emmenant tout le reste du groupe infecte.
-Je ne veux pas être renvoyé..., sanglota Antoine peu rassuré.
-Mais non, ils bluffent ! T'inquiètes pas, hi, hi ! On est plus doué que ça, on va s'accrocher ! Consolai-je en me tournant vers le professeur.
-C'est vrai, je surveillais la classe, je suis témoin, je peux t'assurer que tu n'y es pour rien. Le coupable est bel et bien le malin qui a posé ce tube sur ta table ! Allez, filez, cours suspendu, vous vous en doutez ! Conclut notre tuteur en disparaissant du couloir.
-Tu vois, tout ira bien, rassurai-je. Je le pris dans mes bras et nous retournâmes ainsi dans le hall du lycée. »
Après une heure passée à le consoler, il retrouva son sourire et nous pûmes rire comme deux fous. Mais un détail revint en tête à Antoine : ''Mon lapin ! Je l'ai complétement oublié dans le couloir : J'étais tellement mal après le cours !''. Oui ! Caramel ! Je l'aurais bien délaissé celui-là ! Je partis devant récupérer la créature, Antoine non-loin derrière. J'arrivais essoufflée de mon pseudo-sprint devant la bête, le regard haineux. Je fus choquée, mais qu'avais-je donc fait pour être tant détesté d'un animal ! Je tentais de m'approcher de lui afin de le prendre dans mes bras il se rua sur moi et me mordit avec férocité. Au loin, un écho porté par le vent vint à moi : ''mourir...mourir...pas d'amour...mourir''. Je ne comprenais pas ce qui avait pu se passer dans ma tête pour entendre de telles paroles ! Antoine me rejoignit peu après et s'occupa de prendre le lapin, chose aisée pour lui.
Le lycée ferma provisoirement en attendant de pouvoir trouver un coupable. Ils avaient beaucoup à nettoyer d'après ce que j'avais compris. Le soir, je rentrais chez moi, couverte de remerciement par Antoine, cela était inutile mais il y tenait. Mes parents foncèrent sur moi, apeurés en me demandant ''tout va bien ?''. voilà que le journal télévisé s'en était mêlé ! Je rassurais immédiatement mes parents, et sauvais ainsi l'honneur de mon ami d'enfance. Après cela, je me connectais sur msn ou je retrouvais à nouveau Antoine :
« -Merci de m'avoir défendu, encore merci. Mes parents ont vu le journal mais le professeur de chimie a tranché en ma faveur ! Je me suis sentie si seul, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi, écrivit-il me gratifiant encore une fois d'un acte naturel.
-Cesse de me remercier, nous sommes des amis d'enfances, non ? On en a connu des coups bas ! Mais je ne t'ai jamais lâché, parce que tu ne le mérites pas, tu es un ami au coeur d'or et cela vaut bien tes quelques petites erreurs ! Allez, oublies tout ça, penses au soleil de demain qui réchauffera ton coeur meurtri, répondis-je sincère.
-Merci caneton, tu as déjà bien pansé mon coeur, tu sais, fit-il remarquer loin d'être insensible.
-Allez, égorges ton lapin pour moi, je vais bientôt y aller ! Conclus-je en toute hâte. »
Je savais qu'il en rirait derrière son pc ! Un peu avant d'aller dormir, mon très cher Adrien se connecta ! Cela comptait tant pour moi, dans une semaine je le reverrais, à nouveau ! Que j'aimais ces instants cher à mon coeur. Nous avions hâte de nous revoir et nous parlâmes d'amour un bref instant. Chose étrange que je ne compris guère, il y eu une coupure d'électricité mais cela ne m'empêcha pas de parler à ma tendre moitié.
La semaine se déroula sans d'autres incidents étranges. Je comptais chaque heure et Antoine m'aidait à passer le temps, me taquinant sur Adrien. Son lapin quand à lui restait loin de moi et c'était mieux ainsi !
Puis vint le jour tant attendu, je partis seule, en train prête à retrouver l'amour de ma vie (très cliché ce rêve xD). Une phénoménale brume se leva, si imposante que plus d'une fois j'ai failli me perdre pour retrouver la maison d'Adrien. Mais heureusement, je ne m'égarais point et je fus bien vite accueillis par mon adorable taquin. Nous commençâmes a discuter simplement, heureux de se retrouver. Je m'assis sur son lit, dans sa chambre, éreintée par la route. Il se mit à pleuvoir et Adrien du s'absenter, juste le temps de refermer les fenêtres ouvertes de la maison. Je restais donc seule, le brouillard de plus en plus épais. Un courant d'air me fit frissonner.
Soudain, comme une apparition, quelque chose de furtif bondis de la brume. Je constatais effaré, ne sachant que dire, qu'il s'agissait du lapin d'Antoine. Caramel s'approcha et la, dépassant toute logique sur cette terre, il se mit à me parler par mental :
''Tu n'aurais jamais du être là, tu aurais du mourir bien avant. Tout est lié ! Me comprends-tu ? C''est moi qui est déposé cette fiole sur votre table, tu aurais du en mourir et adieu petite gêne ! C'est moi ensuite qui est coupé l'électricité chez toi, mais je n'ai pas réussi à tout faire sauter ! Et tu as continué à parler à Adrien, chose que je voulais éviter à tout pris ! Alors j'ai aussi créé cette brume pour que tu te perdes et que tu ne le voies plus ! Mais tu ne t'es guère égaré ! Et tu es ici ! Mais je vais te supprimer, maintenant, avant qu'il ne soit trop tard !''
''Quoi ? Mais c'est quoi cette histoire de fou ! Je n'ai rien fait de mal ! Pourquoi vouloir me tuer, moi qui voulait juste passer un bon moment avec Adrien ! Toi, maudit lapin, laisse moi donc tranquille !''
''Tu ne comprends pas ? Tu es au coeur de tout ! Si tu continues d'aimer cet homme tout va changer pour moi. Et je ne peux me le permettre. Mais ne t'inquiètes pas, je vais voler ton âme, j'en ai besoin pour achever ma mission.''
''Eh ! Tu crois que je vais me laisser faire ! Je tiens à la vie moi ! Et à mon âme ! De quoi parles-tu ? Réponds, j'ai besoin de savoir ! Tuer les gens pour si peu de raison !''
''Oh mais ce n'est pas rien ! Je suis un artiste, j'ai l'âme d'un créateur, de toute ma vie je n'ai fait qu'une œuvre, un prototype humain encore incomplet a se jour. Pour le rendre parfait il me manque ton âme et celle de mon pauvre maître incrédule.''
''Mais c'est complétement fou ! Je ne veux pas mourir pour simplement donner vie à ton robot ou je ne sais quoi !''
''Un robot ? Oh non, n'ai crainte, tu donneras ton âme à ton très cher Adrien, il est mon prototype, je ne te laisserais pas lui faire changer les idées ! Il prendra les bons côtés que tu possèdes et se défera du reste.''
''Quoi ?? Adrien ??''
Cette étrange créature tenta de m'immobiliser, mais avant qu'il n'y parvienne (il avait des pouvoirs magiques, logique >.>') je me saisis d'une peluche symbolisant l'amour de ma vie, mon idylle, et me recroquevillais contre. Une lumière bleutée m'entoura et je m'écroulais sur le sol. Je reçus un choc a la tête dut à ma chute et je commençais à saigner dangereusement. Le lapin observait sa brillante réussite tandis que moi je luttais et je souffrais, on ne me prendrait jamais mon âme ! Bien entendu, mon bourreau ne s'arrêta pas la, il tenta de m'infliger douleur mentale : ''Tu sais que c'est fini. Et puis de toutes manières, même si tu survivais, rien n'irait. Adrien ne t'aimera jamais, tu t'en doutes, je contrôle le moindre de ses faits et gestes et son esprit est entièrement à moi. Donc tu peux simplement lui dire adieu et mourir en paix !''. Mon coeur aurait préféré exploser que de battre à nouveau. La dure réalité s'encra en moi et je pleurais. Ma vue commença à se brouiller et l'odeur de mon propre sang me faisait tourner la tête.
Pourtant, on vint me libérer de cette torture insupportable. Adrien revint après avoir fermé les fenêtres (t'as mis le temps, merci ! è_é) et constata l'ampleur de cette bien étrange scène. Un prototype, une création ne devrait pas se rebeller contre son maître n'est-ce-pas ? Malgré cela, mon adorable têtu attrapa sa lampe de chevet et l'explosa contre le lapin qui mourut sur le coup ! Peu après, je cessais de saigner de la tête et ma souffrance fut stoppée nette. Mes larmes quand à elle continuèrent de couler, Adrien s'approcha de moi, se coucha sur le sol et m'enlaça. Je serrais ma peluche, terrifiée, mon petit timide me berça alors, me rassurant avec délicatesse et me murmura au creux de l'oreille un léger ''Je t'aime''.