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Umineko no Naku Koro ni (When They Cry 3)

Publié : 22 janv. 2014, 14:17
par KitKat
... parce que les sorcières ne font pas que du shmup.

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Umineko no Naku Koro ni (When the Seagulls Cry ou Le Sanglot des goélands) encore un truc japonais alakon

Faire une review sur Umineko no Naku Koro ni en y dévoilant le moins possible pour laisser la surprise au lecteur est une tâche assez contraignante. S'il devait y avoir une œuvre qui change subitement d'aspect à chaque coup d’œil, avant, pendant ou après s'y être plongé, Umineko (nous l’appellerons ainsi pour le reste de la review) est probablement l'une d'elle, et pour cause je dois assumer la responsabilité de ne pas guider le lecteur dans sa réflexion

Je vois certains hausser les sourcils rien qu'à entendre ce nom, s'il vous parait étrangement familier vous avez peut-être entendu parler de Higurashi, et peut-être qu'il s'agit d'un de vos dessins animés préférés. Mais j'espère que vous n'êtes pas sans savoir que c'est avant tout un monument dans le monde des Visual Novel ainsi que dans la production de doujinshi. Nous connaissons mieux la série Naku Koro Ni par le biais des adaptations animés du studio DEEN, c'est ainsi que Umineko a connu un rayonnement en Occident et au Japon (même si le premier volet s'est vendu comme des petits pains, il a fallu attendre le dessin animé pour que les autres se vendent), aidé d'un groupe de traduction amateur talentueux, Witch Hunt, qui s'est mis en tête de rendre ce contenu accessible pour nous. J'oubliais de clarifier qu'aucune traduction française n'est disponible pour le moment : seule la traduction anglaise est complète, je suis infiniment désolé pour les anglophobes, mais d'un autre côté n'est-ce pas un bon début pour s'y mettre sérieusement ?
Umineko est subdivisé en deux grandes parties : les "Question Arcs" dans Umineko et les "Core Arcs" dans Umineko Chiru. N'y prêtez pas attention plus longtemps, c'est seulement pour vous indiquer qu'il existe une suite nommée Umineko no Naku Koro ni Chiru.

Qu'est-ce qu'un Visual Novel ?

J'ai en effet placardé quelques termes décisifs pour savoir sur quel type de "jeu" porte cette review sans les expliquer.
"Visual Novel" est une marque déposée au Japon, tout comme ses dérivées. En Occident cependant, puisque l'archipel nippone est de l'autre côté, nous avons le droit de pouvoir catégoriser ce type de programme en tant que "Visual Novel". En traduction littérale ça signifie "roman visuelle", en d'autres termes un roman auquel on apporte des ressources graphiques tels que des sprites (images pour définir l'apparence d'un personnage), voire une interface où le lecteur peut retrouver une synthèse des informations précédemment exposées (profils des personnages), le domaine de définition est vaste.

Nous avons tendance à les confondre avec les "romans interactifs", quelque part tout Visual Novel est un roman interactif, mais tout roman interactif n'est pas un Visual Novel (il n'y a qu'à voir les projets sur Inform 7, mais c'est une partie microscopique de l'ensemble, dans la grande majorité des cas ce sont des VNs) ; mais attention ! Certains VNs proposent comme interaction unique le défilement d'un texte, la notion d'"interactivité" dans ce cas est abusive, on les qualifie de kinétique. Il est vrai qu'en Occident nous connaissons tout d'abord les VNs qui présentent un gameplay sophistiqué tel que Ace Attorney, Zero Escape, Hotel Dusk/Last Window (et bientôt DanganRonpa). Seulement au Japon, le premier type de VN est beaucoup plus répandu, même s'ils demandent parfois au joueur de choisir un chemin qui le mène à une fin spécifique (dans ce cas il s'agit d'un "VN à choix multiples"), les interactions ne vont pas plus loin !

Si vous êtes un féru des dessins animés, Clannad, Clannad After Story, Steins ; Gate, Fate/Stay Night, ont tous un point commun : celui d'être une adaptation d'un VN. Ne vous attendez pas à avoir un univers aussi niais que dans les animés cependant, à part Steins ; Gate, tout les autres contiennent des scènes assez, voire très chaudes, dues en particulier aux origines des VNs qui étaient conçus pour satisfaire ces pulsions naturelles, l'héritage a tendance à perdre de l'ampleur mais il reste néanmoins conséquent.
... et des exemples de VN qui n'ont aucune interaction, pas même un seul choix ? je ne crois pas que ça intéresse grand monde... par le plus grand des hasards, Umineko en fait parti ! Garanti sans scène H.

Qu'est-ce qu'un doujin ?

Doujin signifie un cercle au sens de groupe (comme le Cercle des poètes disparus) qui produit des doujinshi, en somme une œuvre mise en commun entre amateurs. Les connotations en Occident sont assez péjoratives et attribuent à ces produits des images déformées. Avant tout, c'est une scène indépendante où les auto-producteurs de mangas, livres et jeux vidéos souhaitent mettre à disposition leurs travaux au public pour leur propre bonheur, la reconnaissance passant avant le profit.

07th Expansion, le cercle qui s'occupe des Naku Koro Ni (When They Cry), a commencé dans le Comic Market, une convention semestrielle et mondiale qui se focalise sur les mangas et les animés. Ils sont deux frères, l'un s'occupe de la programmation et l'autre, le fameux Ryukishi07, s'occupe en très grande partie de la rédaction de ses VNs et des ressources graphiques. Pour ce qui est de l'ordre de la musique, il est en collaboration avec plusieurs musiciens qui feront de cette série non pas des visual novel, mais des sound novel parce que la création de l'atmosphère ne réside pas tant dans la qualité graphique, mauvaise, mais dans la création musicale.
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C'est réellement le rendez-vous de tout otaku qui se respecte.
Lorsque Higurashi a été présenté dans le Comic Market, le cercle essayait de susciter l'attention des clients, une petite fraction d'otakus qui sont eux-même une fraction minime de la population japonaise, de s'attarder sur leurs productions. Le prix était relativement bas (oui 100 yen, c'est-à-dire environ un euro, c'était presque donné), il souhaitait simplement avoir des lecteurs et savoir ce qu'ils pensaient en retour, en argumentant que le prochain volet serait gratuit. Le cercle ne savait pas encore que Higurashi deviendrait l'un des plus gros succès dans le domaine des doujinshi jusqu'à posséder une ribambelle d'adaptation en roman, manga et dessin animé. Il a même obtenu une localisation privilégiée en France ainsi qu'une traduction française par Pierre Bancov (sous le pseudonyme de pbsaffran) bien meilleure que l'anglaise (Le Sanglot des cigales) !

Bienvenue à Rokkenjima !

Dorénavant nous avons éclairci la signification de chacun de ces mots, nous pouvons enfin commencer la review ! Umineko no Naku Koro ni (うみねこのなく頃に) est le 3ème opus de la saga Naku Koro ni, précédé par Higurashi Kai (sachez cependant qu'ils n'ont strictement rien à voir tant par leur univers que par leurs personnages). Le premier volet Legend of the Golden Witch est sorti en août 2007 à l'issue du Comiket 72, le quatrième volet qui achève le titre est sorti en décembre 2008.

En partie inspiré par les Dix petits nègres d'Agatha Christie (mais ne croyez pas retrouver une histoire semblable *cackle*), l'histoire se déroule sur une île isolée, répondant au nom de Rokkenjima, près de l'archipel du Japon. Sur cette île est construit le manoir d'un riche entrepreneur japonais, Kinzo, chef de la famille Ushiromiya, dont les derniers examens médicaux lui diagnostiquent une maladie incurable. En octobre se déroule une conférence annuelle durant laquelle les Ushiromiya se réunissent au fief familial. Seulement l'année 1986 est marquée par la convoitise de l'héritage de Kinzo où les esprits s'échauffent car une fortune gargantuesque est mise en jeu. Plus tard dans la journée, l'île est prise dans un typhon ne laissant plus aucune issue. Arrive alors une lettre écrite par une personne dénommée "Béatrice" connue pour être la légendaire sorcière d'or, du moins selon les superstitions propres à Rokkenjima. Énigme de l'épitaphe, meurtres sanglants aux circonstances presque surnaturelles, la conférence familiale ne tarde pas à sombrer dans une spirale infernale et inéluctable qui se dissipera lorsque les gémissements salvateurs des goélands réapparaitront.

Dès les premières minutes, j'ai été moi-même confronté à un gros problème. Un profond malaise me creusait l'estomac à chaque fois que j'allais plus loin dans l'histoire. Comment lit-on un VN déjà ? Au départ, j'ai cru que ceci ressemblerait à deux gouttes d'eau à un Ace Attorney ou un Hotel Dusk, malencontreusement il m'a fallu plusieurs heures pour me rendre compte que je m'étais trompé. Avant de profiter de la richesse du contenu enclenchant un état d'ivresse, il faudra passer par l'exposition qui assiste le lecteur afin de l'éduquer, néanmoins cette partie constitue 5 heures indigestes, voire carrément imbuvables, où les nombreux personnages sont présentés au fur et à mesure (la famille et les servants) jusqu'à ne plus en voir la fin. Par contre, lorsque ça frappe, ça frappe fort.

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Si on jette un rapide coup d’œil, le casting semble posséder une liste de lieux communs : nous retrouvons le rituel personnage qui fait des blagues de cul, la maîtresse de maison au caractère exécrable, le servant réservé mais loyal envers son employeur... ; mais l'histoire prend des retournements tellement inattendus qui fait que tout ceci n'est en réalité qu'une préparation pour mettre un gros coup de pompe aux clichés. Les relations entre chacun des personnages sont suffisamment complexes pour mettre en valeur leur potentiel dans des moments de climax qui atteignent les sommets de la folie. Umineko dresse alors des portraits humains où les remords et les regrets tendent à nous éprouver de la compassion, et plus que jamais de vives émotions.

Quelques personnages emblématiques :

Ushiromiya Kinzo : Chef de la famille, il possède une très grande fortune. En plus d'être désagréable, il semble avoir été séduit par la magie noire.
Ushiromiya Battler : Parti habiter chez ses grands-parents à la suite d'un conflit familial, il revient 6 ans plus tard afin de renouer des liens avec ses cousins... et de tâter les seins de Jessica.
Ushiromiya Georges : Fils d'Eva et de Hideyoshi, il est en quelque sorte l'intellectuel de la bande. Il a suivi une éducation stricte qui lui permettrait d'avoir une place importante dans la société.
Ushiromiya Maria : Âgée de 9 ans, elle voue une passion pour les phénomènes surnaturelles et développe un comportement singulier, ce qui n'est pas sans déplaire à sa mère Rosa.
Shannon et Kanon : Deux jeunes servants qui rendent service à la famille Ushiromiya. Shannon est maladroite mais demeure sociable lorsqu'il s'agit d'accueillir les cousins, à son antipode se situe Kanon, replié sur lui-même, qui n'accepte aucune erreur commise pendant les conférences.

Dans la phase d'introduction, il n'est pas encore possible de discerner qui seront les personnages majeurs du titre. Certains se démarqueront plus que d'autres mais chacun possédera un rôle à jouer loin d'être négligeable, nous pouvons au moins remercier l'auteur de n'avoir laissé aucun personnage au hasard.

La dimension psychologique

Certains romans d'énigmes mettent en place une psychologie typique afin d'apporter des bases fortes, ainsi ils développent les personnages, l'ambiance et l'histoire à partir de celles-ci.
Umineko procède à l'envers, il met en place des bases pour ensuite traiter de la dimension psychologique, c'est un pari où le lecteur en ressort gagnant. De cette façon, les sujets introduits vis-à-vis d'une situation grave telle que la perte d'un proche ou d'un parent sont magnifiquement bien rendus jusqu'à éprouver leur malaise à leur place ainsi que le poids du combat à poursuivre. Tout ceci contribue à installer une atmosphère pesante qui immerge complètement le lecteur dans la suite des évènements, le temps s'arrête tout autour de soi et seules les lignes de texte bougent. Je me suis surpris à ne plus avoir aucune notion du temps tellement il en est immersif, parfois je considérais avoir joué pendant deux heures que la journée était déjà terminée. Il n'y avait que l'obscurité croissante dans la pièce pour m'indiquer que j'avais investi beaucoup plus de temps que je ne l'avais cru.

Ryukishi07 a réussi à débiter une quantité impressionnante de sujets, tous magnifiquement traités, la richesse du titre est l'une de ses plus grandes vertus. Tout bouge, tout se transforme, nous avons droit à un contraste entre les antipodes de l'imaginable et lorsque le VN commence à prendre le parti de choquer, il va jusqu'au bout. Les scènes de violence dépassent parfois l'entendement humain, elles réussissent à perturber le lecteur lorsqu'il ne s'attend à rien. Préparez-vous à vous émouvoir et à vous mettre en colère, car vous n'en sortirez pas inchangé.

Umineko est adressé en particulier à une jeunesse qui s'applique à comprendre tout les enjeux du VN, le fait que ça soit écrit par quelqu'un qui a déjà une expérience professionnelle (l'auteur a poursuivi des études dans l'art, puis a travaillé en tant qu'employé dans les affaires administratives) contribue à jeter un regard contemporain qui touche droit au but.

Esthétique délicat

J'espère n'avoir embrouillé personne lorsque j'utilisais les abréviations VNs, car en effet SN (sound novel) conviendraient mieux ! je craignais que le fait d'alterner rendrait l'ensemble confus. Mais pourquoi est-ce qu'ils concordent mieux à notre situation ? Pour une raison apparente dès le premier screen : c'est moche !
Disons que les personnages sont dessinés de telle façon qu'il est difficile de s'y identifier. Il faut quelques heures cependant pour finalement apprécier le charme de ces sprites, car oui ! ils en possèdent un ! Ils remplissent parfaitement leur rôle en retranscrivant des expressions adaptées à chacune des situations. Malgré la qualité Paint, ils finissent pas être amusants et familiers ; c'est bien le principe.

Le style d'07th Expansion reste modeste quant aux décors : ce sont des photos floutées issues d'une scène réelle, le tout restitue un aspect assez étrange mais n'est pas dérangeant pour Umineko, elles créent une atmosphère singulière ; mais il ne faut pas se leurrer non plus : c'est du graphisme minimaliste et c'est très loin d'être splendide.

Le studio Alchemist a développé la version PS3 et en a profité pour refaire intégralement les sprites, les décors et ajouter des images pour accompagner le tout. Il y a cependant des pertes vis-à-vis de l'ambiance originale, remplacée par une production qui ressemble à ce qu'on attend d'un VN en général, c'est une esthétique plus formatée. Encore ici tout dépendra des goûts et de la sensibilité de chacun, je ne suis qu'un bien piètre juge.

Une comparaison s'impose : en haut la version originale, en bas une version avec les sprites et les décors d'Alchemist.

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Pour terminer, le VN possède une interface qui renseigne sur l'arbre généalogique de la famille Ushiromiya et les profils de chaque personnage. C'est ma foi sympathique d'autant qu'il y a énormément de personnages introduits au départ qu'on a peine à s'y retrouver.
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Festin auditif OH DESIRE !!

J'ai considéré pour le moment Umineko comme un sound novel, mais vaut-il réellement son qualificatif ?

La musique est la plus belle des dictatures, ce sortilège sempiternel n'a pas cessé de réconforter les cœurs des Hommes. Il ne va pas sans dire que Umineko détient un large éventail de genre musical allant de la musique classique à de l'électro, en passant par des pistes terrifiantes ou décontractées. En bref, il n'y a qu'à tendre l'oreille pour me croire, mon petit cœur s'emballe à chaque petite note qui impose une atmosphère synonyme de tendresse ou de véhémence, c'est bel et bien une réussite artistique. Pour nous offrir ce luxe ils ont été plusieurs artistes aussi bien amateurs que professionnels, celui qu'on connait de nom est Dai qui a déjà composé les thèmes principaux de Higurashi.

Quelques pistes qu'on retrouve assez tôt (sachant que ça va en s'améliorant) :

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La musique qui vient en tête lorsqu'on commence Umineko, c'est un très bon début pour une expédition hors norme.

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"hope". Il n'y a rien de mieux pour se détendre durant une journée ensoleillée.

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Tout VN qui traite d'affaires de meurtre a droit à sa petite musique pour accompagner la contre-argumentation.

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... inutile de détailler : vous êtes dans la merde.

Quoiqu'ils puissent être des éléments au deuxième plan, les bruitages ont néanmoins leur petit rôle à jouer. Le clapotis de la pluie, les bruits de pas discrets, les rires ténébreux, des bruits qui paraissent anodins arrivent à chaque fois à point nommé pour lancer un pic émotionnel ou chercher à éprouver une certaine morosité. Il n'y a vraiment rien à redire si ce n'est peut-être que les pistes musicales sont inlassablement répétées pendant l'exposition, par la suite le tout se diversifie et s'intensifie pour le plaisir du lecteur/joueur.

Il serait un peu bête et méchant d'occulter la version PS3 d'Alchemist qui propose, en plus de tous ces petits joyaux, des doublages pour chaque personnage, autant le dire : doubler entièrement Umineko est un travail colossal, spécialement pour la quantité de texte. Nous pouvons saluer notamment la performance de celles qui doublent Rosa et Eva, le reste demeurant d'une qualité respectable. Les acteurs proviennent du dessin animé, ils ne jouent donc pas qu'à moitié.

Autre élément qui fait intensément plaisir jusqu'à m'inciter à continuer l'aventure malgré un début lent, c'est probablement le générique (si vous souhaitez garder la surprise, ne regardez pas, il n'y a aucun spoiler cependant) :
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http://www.youtube.com/watch?v=uz9pdxPYNw4
Avouez au moins que le flûtiste est énorme
Logik ou Fantastik ?

Oh ! Même si c'est une partie qui arrive assez tardivement, c'est celle qui retiendra le lecteur, ou plutôt dans ce cas-ci, le joueur, captif par l'ensorcellement d'Umineko. Les consignes sont simples : n'arrêtez pas de réfléchir. Je resterai assez avare en argument pour cette partie puisque je préfère laisser la surprise, mais sachez que ceux qui veulent s’initier à la logique mathématique sont les bienvenus. Les conseils : prenez un bloc note au cas où, ceci pourrait grandement vous aider pour résoudre les énigmes (il existe cependant une interface qui regroupe les informations capitales à avoir, mais il ne s'agit là que d'un ensemble d'énoncés).

Lorsque les premiers épisodes d'Umineko ont été mis en vente, beaucoup de discussions portant sur la résolution des énigmes ont vu le jour sur les forums, formulant des théories sur le comment, le qui et le pourquoi ou encore sur l'énigme de l'épitaphe, la solution n'étant jamais évidente apprêtez-vous à vous tordre les méninges : certains meurtres paraissent totalement impossibles à expliquer ! Ce qui devait être une excursion familiale se transforme en un véritable échiquier où le joueur devra user de stratégies pour venir à bout de son raisonnement. Encore une fois, si vous aimez la logique, vous allez probablement adoré.

Je ne vais pas m'étendre là-dessus car je risque moi-même de déformer le propos : parfois le monde d'Umineko prendra des virages vers le fantastique, certains seront allégrement bien exécutés (en tout cas qui frôlent la perfection), d'autres, assez minoritaires mais tout de même, seront pris dans un angle beaucoup trop démesuré. Il n'y a rien de mieux pour contrarier le joueur après qu'il ait poursuivi un examen logique, n'est-ce pas ?

Dans toute cette partie, l'auteur effectue en parallèle une méta-analyse du genre policier où il expose les théories les plus courantes pour expliquer les meurtres, il trahit le joueur en mettant en évidence les contradictions à ces dernières. Ne soyez donc pas susceptible : vous serez maltraité tout au long de l'aventure, et cette torture se révèlera jouissive.

Les derniers détails techniques

La durée de vie est une notion absurde pour les VNs, soit elle ne dépasse pas l'heure ou la dizaine d'heures, soit elle est évaluée à une soixantaine d'heures. Pour Umineko, comptez 60 heures pour le terminer, et encore c'est le temps minimal requis pour arriver au bout. C'est probablement l'un des bémols des VNs en général : il faut avoir du temps ! L'investir n'est pas une chose aisée, mais pour un VN de cette envergure vous êtes sûr que ceci rapportera des fruits bien juteux. En comptant Chiru, nous dépassons les 120 heures sans aucun problème. Deux modes de lecture s'offrent ainsi à vous : soit à chaque épisode vous faites une pause pour élaborer des théories sur les évènements qui se sont produits, soit vous le lisez d'un trait en grillant des journées complètes dessus (mes vacances de Toussaint ont été courtes), c'est à votre préférence.

Lorsque Witch Hunt s'est attaqué à la traduction anglaise d'Umineko, il ne l'a pas fait à moitié. Entre amateurs, ils ont réussi à être en liaison avec BT, décédé pendant l'écriture de Chiru, le tout premier lecteur de la saga qui est devenu un membre à part entière d'07th Expansion et qui fut en quelque sorte la raison d'écrire de Ryukishi07. Les références culturelles sont nombreuses, ceux qui n'ont aucune connaissance du japonais seront heureux de posséder une section spécialement conçue pour eux qui expliquent les termes basiques comme "Onii-san" (tout les mots n'ont pas été traduits, tant mieux, le format est beaucoup plus agréable à lire ainsi). En tout cas, la qualité est au rendez-vous et elle n'est pas pour déplaire le lecteur.

Les spoilers sont monnaie courante sur Youtube ou Google, mes seules recommandations seraient que vous vous isoliez sur une île déserte avec pour seul programme Umineko sur votre ordinateur. Enfin, il y a tellement de coup de théâtre qu'une révélation aussi importante soit-elle est nullement décisive.

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... pour ce faire, faudrait-il une petite fortune.

Qu'est-ce que vaut l'adaptation du Studio DEEN ?

Ah ! le dessin animé n'est pas mauvais, mais pas bon non plus. Disons qu'il est médiocre. Le générique est quant à lui épique :
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DEEN n'est pas à son premier essai : ils ont adapté Higurashi qui a reçu des critiques élogieuses tout en comportant des incohérences par rapport au support original et des directions de la réalisation incompréhensibles, Ryukishi07 en a rectifié en rédigeant un arc spécialement destiné à l'animé. Néanmoins, ça reste d'une qualité au-dessus de la plupart des séries, mais à ce stade il vaut mieux se jeter sur le VN qui offre une toute autre expérience. Quant aux autres productions, ils ont pris de sévères invectives lorsqu'ils ont adapté Fate Stay/Night, le traitement de ce VN très populaire au Japon a rendu ses fans furieux.

Pour Umineko, le dessin animé est une déception : ils épluchent sans jamais creuser, les scènes que j'attendais le plus ont été complètement ratées. Au final, s'il devait être accordé un intérêt à cette adaptation c'est peut-être l'animation, parce que tout n'est pas à jeter néanmoins, il y a des transitions sympathiques. Mais en très grande majorité, l'esprit n'y est pas et il faut considérer le dessin animé différent du VN original. Peut-être que certains ont vu le dessin animé avant de lire cette review et qu'ils sont surpris que je suis en train de leur parler chinois alors qu'ils connaissent déjà l'histoire (attention cependant, l'animé ne couvre qu'une petite moitié d'Umineko). En résumé, c'est un dessin animé médiocre et une mauvaise adaptation.

Quelques compléments

Umineko est une série qui détient tout un florilège de produits dérivés. Il existe un jeu de combat nommé Ougon Musou Kyokou (par contre le trailer spoil à mort, c'est destiné à ceux qui ont déjà terminé le jeu) avec son extension, des mangas toujours en cours de publication à l'heure où je vous parle et qui s'avèrent être une bonne adaptation même si certains raccourcis maladroits sont effectués au cours des premiers tomes, des albums qui sont là pour entretenir le fandom (sachant que le dernier volet date de deux ans, il a fallu remettre des couches ; Rokkenjima in Love, Diabolic Theater, Akiko Shikata), les Umineko Motion Graphic (qui traitent chacun d'un épisode différent) que j'aime beaucoup pour leur animation et leur musique, puis des flippers-a-la-machine à sous Umineko ptdr (il faut comprendre que ces machines font parti de la culture japonaise cherchant à sensibiliser les otakus en adaptant des franchises célèbres tel que Persona, ce sont les pachinkos), sans oublier les fangames abondants.

Vous y passerez plus de temps que prévu. Nullement une prédiction, c'est une vérité. En espérant que cette review puisse pousser quelques personnes à s'y essayer, qu'importe s'ils ne sont pas aussi impliqués que je l'ai été moi-même, il n'y a plus qu'un pas pour faire le grand plongeon.

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Aux dernières nouvelles, la traduction française du premier épisode La Légende de la Sorcière d'Or a été reprise par visual-test en collaboration avec Tsukiyo Novel. Ils partent de la traduction de Witch Hunt, c'est-à-dire depuis l'anglais. Il risque d'y avoir des perditions dans les informations, mais j'ai hâte de voir le résultat.
Quant aux mangas, l'équipe MiamMiam-Team s'occupe de sa traduction française. Celle-ci avance régulièrement et s'avère être de bonne facture. Toutefois, il est conseillé de lire le sound novel avant car le manga ne reprend pas tout (sinon il aurait fallu encore plus de tomes pour boucler l'ensemble) mais c'est un bonheur de pouvoir se replonger dans l'univers d'Umineko grâce à ce support et cette traduction.